Prendre le volant est un immense danger et le restera encore longtemps. En effet, le poids moyen d’une voiture en France s’établit à 1200 kg environ. Dès lors qu’un engin de plus d’une tonne se met en mouvement dans l’espace public, il est potentiellement un danger majeur. Et même à 5km/h, il constitue encore un danger pour celui qui perd le contrôle de son véhicule !
La vitesse n’est pas la principale cause d’accident
La réalité, c’est que la vitesse n’est pas la principale cause d’accident. Elle est même assez secondaire. La vitesse est souvent un facteur aggravant, certes, mais rarement la cause réelle de l’accident. Traiter qu’un seul facteur d’accidentologie, la vitesse, voilà qui pose question ! Pourquoi ne pas s’attaquer à ces autres facteurs de risque qui sont connus et sur lesquels une action pourrait avoir des résultats significatifs ? D’abord, parce que ça coûte cher et que pour d’autres facteurs accidentogènes, le rapport entre le coût investi et le nombre de vies sauvées serait exorbitant. Baisser la vitesse est une décision peu coûteuse, si ce n’est la dépense liée au changement des panneaux de signalisation verticale.
Ensuite, parce qu’il ne faut pas fâcher les constructeurs automobiles, pas fâcher les producteurs de boissons alcoolisées et surtout ne pas trop dépenser l’argent public devenu rare.
Enfin, parce que la limitation de vitesse est une mesure qui peut rapporter gros à travers les infractions constatées et les sanctions qui les accompagnent. Les infractions routières rapportent 1,8 milliards d’euros par an à l’Etat dont la moitié est dégagée par les seuls radars automatiques qui sont désormais près de 6000 en France. Par ailleurs, quand on sait que 900 millions d’euros sont prélevés sur ces recettes et utilisés par l’Etat pour financer autre chose que la sécurité routière, on peut comprendre que la manne est devenue essentielle au fonctionnement de l’action publique !
Cette limitation de la vitesse est une solution qui méconnaît les réalités de notre pays, celles de la vie quotidienne de millions de Français contraints à la voiture et qui, à cet égard, symbolise une fois de plus un Gouvernement trop parisiano-centré.
Cette mesure pénalise d’abord les territoires ruraux
C’est donc la solution de facilité qui a été choisie par le Gouvernement qui décide seul de cette mesure de diminution de la vitesse, sans débat au Parlement ni ailleurs. Peu importe les conséquences à l’encontre de ceux qui n’ont que la route pour se déplacer et qui vivent dans la France que le locataire du Faubourg Saint-Honoré ne parvient toujours pas à appréhender. Car en effet, pour un francilien, la vitesse moyenne sur le périphérique qu’il va utiliser chaque jour est de 39km/h. Autant dire que rouler à 80 km/h est pour lui un rêve inaccessible et que la limitation de vitesse ne le concerne à peine !
Les inspirateurs de cette mesure nuancent la contrainte de la limitation au motif qu’elle ne concerne « que » les routes à double-sens, sans séparateur central, en dehors des routes à deux fois deux voies. Ainsi, le Gouvernement explique qu’il ne pénalise qu’une partie des routes départementales. Mais les itinéraires concernés ont des configurations bien différentes selon les Départements. En Ardèche par exemple, 99% du réseau routier départemental est sans séparateur central! Et sur les 3800 kilomètres de routes départementales, les deux fois deux voix représentent moins de 14 km. C’est donc tout le Département ou presque qui est pénalisé !
Alors oui, la sécurité routière est un sujet important. Je ne le méconnais pas et j’aimerais que la route, un jour, cesse de tuer. Je suis prêt à m’y employer comme bien d’autres. Mais cette mesure de limitation de la vitesse manque d’ambition et parait comme une occasion manquée.
J’aurais aimé par exemple que l’on s’insurge devant d’autres réalités; celles des gens modestes qui n’ont pas les moyens de se payer des voitures sécurisées. J’aurais aimé que l’on oblige plus encore les constructeurs à équiper leurs véhicules pour que la sécurité ne soit pas permise en priorité aux gens aisés. Je suis favorable à un durcissement des sanctions pénales pour les vrais délinquants de la route qui se rendent coupables de grands excès de vitesse et plus encore pour les récidivistes de la conduite en état d’ébriété. J’aurais aimé que l’on débloque des crédits pour améliorer la sécurité sur des routes de campagne ou de montagne dont les programmes d’investissements portés par l’Etat sont sans cesse reportés. J’aurais aimé que l’on annonce la relance massive d’une politique de transports collectifs en France à destination des territoires qui en sont dépourvus.
J’aurais surtout apprécié que l’on porte d’une manière lucide et responsable un grand plan national pour la mobilité, une mobilité sûre, accessible et respectueuse de l’environnement.
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