Lillusion trompeuse d’un projet de loi de finances 2019 en faveur du pouvoir d’achat des Français

Le projet de budget 2019 (PLF 2019) contient-il 6 milliards d’€ de nouvelles baisses de fiscalité et de cotisations sociales ? La réponse est partiellement NON.

La plupart des baisses (taxe d’habitation et cotisations sociales) ont été votées l’an dernier, à l’occasion du budget 2018. Le Gouvernement recycle les quelques bonnes mesures en faveur du pouvoir d’achat.

Sur les 6 milliards d’€ annoncés, seuls 900 millions d’€ correspondent à de nouvelles mesures en faveur du pouvoir d’achat : la suppression des cotisations sociales pour les salariés qui ont des heures supplémentaires (ceux qui n’ont pas d’heures supplémentaires ne bénéficieront de rien du tout) et la non-application de la hausse de la CSG pour de nouveaux retraités qui auraient dû la subir (cette mesure porte sur seulement 4 % des retraités concernés par la hausse de la CSG, ce qui est très faible).

 

En 2019, le pouvoir d’achat de certains Français va-t-il continuer à être amputé ? La réponse est OUI. 

Ces baisses de pouvoir d’achat découlent soit de hausses d’impôt déjà été votées dans le budget 2018 et qui s’appliqueront en 2019, soit de non revalorisation de prestations dans un contexte d’inflation élevée. Ainsi :

Les taxes sur les carburants vont encore une fois augmenter. Par exemple, pour une famille de 2 enfants et 2 parents qui se chauffe au fioul domestique (cuve de 2200 litres par an) et qui a une voiture diesel (20 pleins de 50 litres par an), la hausse a été de 145€ hors TVA en 2018. Il y aura une nouvelle hausse de 114 € hors TVA. En 2 ans, cette famille aura vu son pouvoir d’achat amputé de 269€. Ceci représente 4,3 milliards d’€ de recettes supplémentaires dans les caisses de l’Etat, payées par les ménages.

Les 13 millions de retraités français vont subir la non-revalorisation partielle de leurs pensions. Parmi ces 13 millions, 8 millions ont subi en 2018 la hausse de la CSG. En combinant hausse de CSG et non-revalorisation partielle, ces 8 millions de retraités vont perdre en 2019 quasiment l’équivalent d’un demi mois de retraite.

Les allocations familiales ne seront quasiment pas revalorisées alors que l’inflation est annoncée à près de 2%. Les 5 millions de foyers qui les perçoivent vont perdre en moyenne 40€ de pouvoir d’achat.

Il en va de même pour les allocations personnalisées au logement (APL). Pour les 6,3 millions de Français qui perçoivent les APL, la sous-revalorisation représente une perte de pouvoir d’achat moyenne de 42€ sur l’année 2019. À cela s’ajoute une réforme de leur mode de calcul pour une économie budgétaire total de 1,3 milliard d’€. Au total depuis 2017, les coupes sur les APL représentent une perte de pouvoir d’achat de 160€ en moyenne pour les allocataires d’APL.

 

Les entreprises vont-elles récupérer 20 milliards d’€ en 2019 comme tend à le faire croire le Gouvernement ? La réponse est NON.

Cette annonce n’est en rien une mesure nouvelle, puisque la suppression du CICE et de son remplacement par une baisse de cotisations patronales a déjà été actée en 2018. Concrètement le Gouvernement rend d’une main ce qu’il prend de l’autre.

Le seul gain pour les entreprises correspond à une baisse d’impôt sur les sociétés (2,4 milliards d’€), initiée sous le précédent quinquennat et confirmée lors du budget de l’année dernière. À noter qu’en 2018, le Gouvernement a supprimé pour 20 000 PME le bénéfice du taux réduit d’impôt sur les sociétés.

 

Qui va payer les coupes budgétaires du budget 2019 ?

En 2019, il y aura quasiment 3 milliards d’€ d’économies sur les politiques de l’emploi, avec notamment une nouvelle baisse des créations emplois aidés. En 2016, il y eu 465 000 créations d’emplois aidés. En 2019, il n’y en aura plus que 130 000, ce qui pénalisera fortement les petites communes et les associations.

En 2019, il y aura 30 millions d’€ d’économies sur le sport, en plus des 120 millions qui correspondent à la suppression annoncée ou à la transformation non précisée de 1600 postes de conseillers techniques sportifs.

En 2019, il y aura au sein de l’Education nationale 2600 suppressions nettes de postes dans le secondaire alors que le nombre d’élèves est annoncé en augmentation.

 

Ce budget contient-il des mesures pour soutenir la croissance ? AUCUNE CONCRETE

Le Président de la République avait théorisé le « ruissellement » comme méthode de pilotage économique, à la fois pour soutenir la croissance et augmenter le pouvoir d’achat des Français. Dans cette optique, il avait prévu une croissance économique de 2 % pour 2018 et de 1,9 % pour 2019 (débat d’orientation budgétaire de juillet dernier).

Quelques mois plus tard, les promesses présidentielles ne se sont pas réalisées et la croissance  économique française sera au mieux de 1,7 % en 2018 et est annoncée à 1,7 % pour 2019 par la plupart des instituts économiques. À l’issue des 6 premiers mois de l’année, la France apparaît comme l’un des plus mauvais élèves de la zone euro.

Cette situation risque de ne pas s’améliorer puisque dans le budget présenté par le Gouvernement pour 2019, il n’y aucune mesure de soutien à l’investissement, seul capable de ré-enclencher la machine économique. Par exemple, le Gouvernement ampute de 800 millions d’€ le crédit d’impôt en faveur de la transition énergétique (CITE) : ainsi, les Français qui souhaitent changer leurs fenêtres pour améliorer l’isolation de leurs maisons ne bénéficieront plus du soutien de l’Etat qu’ils avaient jusqu’alors. Ce rabot fragilisera l’activité économique des artisans ainsi que les avancées qui doivent être réalisées en matière de rénovation énergétique.