Affaires socialesAgricultureDéveloppement durable & aménagement du territoireEconomie et emploiEducation et cultureEurope et relations internationalesSécuritéTourisme
Dans le cadre du Grand Débat national, j’ai organisé 15 « Petits Débats » chez des habitants du territoire qui réunissaient pour 2h à 3h une petite dizaine de proches, famille, voisins…
Des Boutières aux Portes des Gorges de l’Ardèche, de la Vallée de l’Eyrieux à la Vallée du Rhône en passant par les Plaines de Chomérac, je sors de ces échanges bien plus riche que je n’y étais entré. Ces moments de dialogue ont été pour moi un exercice inattendu, parfois lourd d’émotions, parfois chargé de colère, souvent frappé au coin du bon sens.
J’ai beaucoup appris et je sais aujourd’hui que tous les sondages d’opinion que je peux recevoir n’auront jamais l’efficacité d’un point de vue livré en direct et spontanément.
Par cette initiative, j’ai pu échanger avec 150 Ardéchois, de tous âges, de toutes origines, de toutes sensibilités et de toutes catégories socio-professionnelles. Ce temps consacré ne sera pas vain. Il a conforté chez moi des convictions, il a infléchit des certitudes, il a fait naître des analyses nouvelles.
L’heure est donc venue de restituer la teneur de ces petits débats.
Rendre compte est un exercice difficile. J’ai néanmoins essayé d’être fidèle aux différents échanges et surtout aux préoccupations de mes interlocuteurs, en laissant de côté mes propres positions.
Je ne peux d’abord que constater l’immense besoin de dialogue et d’échange.
Par-delà les opinions, nombreux (ses) ont été les personnes à me dire leur frustration de ne pas pouvoir intervenir dans le processus démocratique autrement qu’en période électorale. De cette frustration naît le sentiment de ne plus être entendu, écouté, représenté et de subir ainsi le cours des choses.
Sans surprise, je ne peux que noter l’angoisse de certains devant l’avenir. Le changement climatique et ses conséquences pour notre santé, pour notre qualité de vie, apparaissent chez certains comme un facteur anxiogène, voire culpabilisateur à l’égard des générations suivantes.
La perte de sens de notre démocratie qui ne parait plus capable de créer du progrès, le pouvoir de vivre en berne (plus que le « pouvoir d’achat ») dans un pays en croissance et donc créateur de richesses, sont aussi apparus comme des thématiques récurrentes.
De ces constats, naît évidemment un profond rejet des injustices de toute nature, fiscale, salariale, sociale, sans oublier la question de l’accès à la santé pour tous.
Reste un formidable attachement à l’Ardèche, une confiance, voire un repli dans des solutions locales, convaincus que la grande horlogerie nationale et internationale, aux mains de lobbys et de forces qui nous échappent, n’apportera aucune réponse à nos attentes.
J’ai adressé la synthèse de nos échanges à la Mission du Grand débat National ainsi qu’au Président de l’Assemblée Nationale.
Mais je peux d’ores et déjà dire que ces rencontres nourrissent quotidiennement mon travail et mes interventions.
Voici la synthèse de ces échanges (constats et propositions) :
1. Réinventer une DEMOCRATIE REPRESENTATIVE efficiente
Une démocratie représentative malade « La démocratie représentative a oublié de représenter une partie de la population ».
- Sentiment de ne plus être représentés :
- Par les élus : déconnectés du terrain et soumis à des logiques partisanes.
- Par les médias : manque d’objectivité (contestation du traitement des Gilets Jaunes par la presse).
- Par les syndicats « achetés par l’Etat ».
- Nécessité de s’exprimer en dehors des échéances électorales pour donner son avis, mettre au vote populaire une idée, demander des comptes aux élus… et de créer des rapports directs avec les élus « nous avons envie d’être partie prenante ».
Une rupture de confiance entre les élus et les citoyens
- Privilèges / corruption / manque de transparence sur le train de vie des élus : retraites des parlementaires, avantages des anciens présidents de la République.
- Manque d’informations et de connaissance du rôle et actions du Parlement / parlementaires et des institutions européennes.
Le danger d’un pouvoir absolu à la tête de l’Etat
- Méconnaissance du Président de la République à l’égard des Français, arrogance « pouvoir dogmatique qui travaille en chambre », « qui ne fait pas confiance à ceux qui sont sur le terrain ».
- Manque de contrepouvoir. Parlementarisme affaibli.
Une collusion entre le pouvoir économique et le pouvoir politique
- Sentiment que le pouvoir politique ne sert à rien « A quoi servez-vous ? »
- Le pouvoir est ailleurs (économie) et personne n’a de prise dessus « les politiques sont aux manettes d’un avion qui ne leur appartient pas et nous, on est dedans ».
- Dénonciation du poids des lobbys dans les décisions politiques (glyphosate…).
PROPOSITIONS
Instaurer le vote à bulletin secret des parlementaires pour s’affranchir des partis (logique transpartisane souhaitée) et des lobbys
Comptabiliser le vote blanc « on votera blanc le jour où il sera reconnu »
Supprimer le Sénat
Mettre fin aux indemnités des anciens Présidents de la République à vie
Mieux porter à la connaissance des citoyens les outils à leur disposition de démocratie participative
Adapter et créer de nouveaux outils démocratiques en faveur de la participation citoyenne (réduction des seuils exigés pour les consultations citoyennes…)
2. Redonner du POUVOIR D’ACHAT aux français
Une iniquité fiscale largement dénoncée « Je suis prêt à payer si c’est juste »
- Griefs d’une fiscalité qui pèse lourdement sur la classe moyenne.
- Sentiment de payer toujours plus d’impôt alors que les services publics diminuent.
- Dénonciation de l’évasion fiscale et du sentiment d’impunité envers ceux qui échappent illégalement (ex : blanchiment d’argent des entreprises, GAFA…) ou légalement à l’impôt (optimisation fiscale).
Un prélèvement et une utilisation de l’impôt qui ne fait plus sens « l’impôt doit être un repère au sein de la République »
- Donner du sens aux taxes et expliquer à quoi elles servent « On ne sait plus à quoi sert l’impôt ».
- Besoin de sensibiliser les citoyens sur le bien-fondé d’un impôt juste.
La crainte d’être déclassé
- Peur de voir ses enfants vivre moins bien que soi.
- Difficulté pour les quinquagénaires d’accompagner financièrement une – voire deux – générations (parents vieillissants et enfants étudiants ou jeunes travailleurs).
- Théorie dite du ruissellement inefficiente. « On n’en est plus à voter FN. On est au stade de la violence ».
PROPOSITIONS
Lutter contre l’évasion fiscale
Toiletter les niches fiscales
Rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF)
Affecter les taxes pour plus de transparence
Faire des économies sur le budget de l’Etat
Supprimer le CICE
Taxer les GAFA
3. Vivre dignement des fruits de son TRAVAIL
La revalorisation du travail
- Précarisation de la jeunesse, touchée par le chômage, formations proposées peu adaptées à la réalité du travail.
- Attention à ne pas créer une société de l’assistanat.
- Simplifier les lois pour les entreprises, arrêter de les complexifier « je me sens paumé ».
Le faible niveau des pensions de retraite (artisans, commerçants, agriculteurs notamment) qui ne suivent pas l’inflation du coût de la vie.
PROPOSITIONS
Aligner les régimes spéciaux des retraites sur le régime général
Plafonner et rendre dégressives les retraites pour une meilleure équité
Indexer les retraites sur l’inflation
Expérimenter le revenu de base
Abaisser l’âge du travail à 14 ans
Améliorer l’adéquation entre l’offre et la demande pour lutter contre le chômage
Travailler à l’émergence d’emplois nouveaux
4. Modifier nos comportements face à l’URGENCE ÉCOLOGIQUE
L’adaptation de nos comportements à la finitude du monde
- Nécessité d’accepter la contrainte écologique et d’en finir avec le mirage de la croissance. Pour autant, « comment être dans la décroissance dans un environnement mondial ultra-libéral ? ».
- Danger du grignotage du foncier agricole.
- Modifier notre offre de transports.
Une politique énergétique nucléaire peu fiable
- Manque de conséquences tirées des drames passés et des alertes (ex : rapport de la commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires en France).
- Nécessité de développer des énergies alternatives propres.
PROPOSITIONS
Favoriser la décroissance
Imposer une meilleure utilisation des ressources (eaux de pluie…)
Interdire le glyphosate sans délai
Favoriser le transport de marchandises par la voie ferrée et le retour du train en Ardèche
Taxer le fuel maritime et le kérosène
Réduire la TVA sur les biens respectueux de l’environnement
Mettre fin à la consommation de terres agricoles
Investir sur les énergies renouvelables
Diminuer et sécuriser la part de l’énergie nucléaire
5. Construire un MODÈLE ÉDUCATIF qui forme des citoyens critiques et indépendants
Un sentiment d’abandon des enseignants
- Enseignants épuisés, perdus par des directives changeantes et mal formés. « On ne sait plus ce qu’on attend de nous ».
- Inquiétudes des conséquences de la Loi Blanquer.
Des conditions d’apprentissage pas à la hauteur des ambitions
- Trop d’élèves par classe, manque de remplaçants, suppression des maîtres surnuméraires.
- Beaucoup d’élèves laissés au bord du chemin faute de moyens suffisants pour les accompagner.
PROPOSITIONS
Mettre un terme aux réformes successives
Evaluer et mesurer les effets des mesures précédemment prises
Redonner des moyens financiers et humains à l’Education Nationale
Revoir les bourses aux étudiants
Organiser des réseaux de solidarité départementale pour les logements étudiants
6. Maintenir des SERVICES AUX PUBLICS de proximité
Une dégradation de l’accessibilité aux services publics (CPAM, URSSAF, services carte grise à la Préfecture…) : fermeture de services et dématérialisation qui complexifient les démarches. Difficulté pour les personnes âgées de s’adapter.
Une politique de santé en souffrance
- Maltraitance des personnes âgées en EHPAD et épuisement des salariés
- Crainte de ne plus pouvoir se soigner dans les hôpitaux ardéchois
- Manque de médecins et bientôt d’infirmiers dans nos territoires
La disparition des commerces de proximité. « On vit dans un monde d’incohérence » : souhait d’avoir des commerces en centre-ville et, pour autant, consommation sur Internet.
PROPOSITIONS
Supprimer les sous-préfectures
Contraindre la liberté d’installation des médecins
Redonner des moyens financiers et humains pour les EHPAD
Autoriser la pratique d’aide-soignant en libéral pour soulager les infirmiers
Améliorer la prise en charge des enfants handicapés par la solidarité nationale
Créer un crédit d’impôt pour le reste à charge des frais d’EHPAD
Redevenir un consommateur citoyen et acteur de ses choix
Suivez moi sur les réseaux sociaux