« Ce matin je pense à madame Audois, madame Grateau, Fournier, Hameau, Argoux, Segal, Nouaille de Gorce, Montfort, Perret, Azema, Asquin, Crastes, Pericarpin, Sohier, Surel, Lebœuf, Deler, Caubet, Cofignalle, Tauzin, Cerles…
Je pense aussi à monsieur Dalverny, monsieur Legoff, Cayron, Perronin, M’Buy, Kotelnikoff, Adani, Riou, Jourdan, Hamrouni, et tous les autres.
Je pense à tous ces profs qui m’ont accompagnée de leur bienveillance et de leur patience à un âge où je n’avais pour tout bagage que mes lunettes triple foyers, mon acné et mon sac US.
À tous ceux qui ont continué de m’apprendre à penser à un âge où mes demi-certitudes et mes indignations faciles avaient particulièrement besoin d’être confrontées.
Je pense aussi à Samuel Paty, à sa famille à ses élèves, ses collègues et ses proches. Je pense à leur douleur.
Je pense à tous ceux qui se retrouvent bien seuls, seuls sans lui, seuls devant leurs élèves, seuls devant cette montagne d’ignorance qu’il leur faut sans cesse gravir. Seuls depuis les attentats de 2015.
Seuls comme toujours dans ces moments qui suivent chaque attentat et où la nation toute entière se rassemble derrière l’idée que la solution passera par eux, par l’école, l’enseignement, la connaissance.
J’aimerais leur dire merci. Merci de nous avoir instruits, et merci encore de nous avoir transmis quelque-chose à défendre et surtout de continuer à le faire dans ces conditions.
Je pense à notre responsabilité et à notre devoir de lutter contre les véritables promoteurs de ces attentats.
Notre rôle à l’égard de tous ceux qui entretiennent, encouragent et organisent la posture victimaire en expliquant qu’ils sont choqués, blessés, meurtris, par… Par un DESSIN.
Je pense à ce père d’élève faussement « dévasté » et claaamant sa peiiiine sur les réseaux sociaux tout en créant les conditions d’une mise à mort en publiant le nom et le lieu de travail de sa cible…
Je pense à cet agitateur qui se prétend Imam et qui l’accompagne dans cette entreprise macabre. Je pense à son petit air triste et tout chamboulé, horrifié par le dessin du cucul étoilé du prophète mais pas du tout gêné par son appel, dont il sait déjà qu’il fera office de condamnation à mort.
Mais comment ces deux faussaires arriveraient-ils à faire croire à leur blessure et à condamner à mort un homme, s’il n’y avait pas une cohorte de lâches prêts à comprendre, à justifier et à légitimer quotidiennement l’hypothèse qu’un croyant puisse être sincèrement blessé, meurtri et humilié par UN DESSIN.
Comment y arriveraient-ils sans tous ceux qui leur préparent le terrain en assimilant la caricature d’un prophète ou d’un symbole religieux à du racisme ?
Comment y arriveraient-ils sans les promoteurs du concept d’islamophobie ?
Sans ces associations communautaires et religieuses spécialisées dans la plainte victimaire ?
Enfin, comment y arriveraient-ils sans tous ces décérébrés, qu’ils soient militants, universitaires ou animateurs télé, venant dégouliner leur compassion morbide sur les musulmans pour leur expliquer « qu’il est normal, compréhensible d’être bouleversé, meurtri, blessé par un putain de DESSIN.
Je pense à vous, à vos faux semblants, à vos appels au meurtre à peine voilés, à votre médiocrité et votre condescendance.
Sachez que du plus profond de mon être je ne crois pas un seul instant à votre douleur.
Alors ne me parlez plus de votre blessure, elle est indécente face à la douleur bien réelle de tous ceux, dessinateurs, professeurs ou autres qui ont un jour fait le choix d’essayer de vous rendre moins cons. »
Sophia ARAM
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