Après des semaines de mutisme, la prise de parole du Président de la République était attendue. Force est de constater que le compte n’y est pas.
Je peine encore à comprendre ce que le Président est venu annoncer aux millions de Français opposés à sa réforme des retraites si ce n’est que tout ce qui aurait dû être fait avant cette réforme arrivera après.
Rien des bonnes intentions affichées par le Président au cours de cet entretien de plus d’une trentaine de minutes ne figure dans la réforme. Rien sur le travail des séniors. Rien sur les métiers pénibles. Rien sur le niveau, trop faible, des pensions. A l’entendre, tout sera fait demain et en concertation. Mais les Français ne sont pas dupes.
Pire, son intervention ne laisse apparaître aucune remise en question et paraît se limiter à une longue séquence d’autosatisfaction. Conséquence logique de cette séquence lunaire : les Français étaient plus nombreux que jamais à défiler jeudi 23 mars dans la rue pour faire entendre leur opposition.
Le Président a rappelé sa volonté « d’élargir la Majorité » : c’est déjà ce qu’il promettait au début de ce nouveau mandat et il ne l’a pas fait. Et élargir à qui ? Comment ? Même lorsque la Majorité paraît s’entendre avec LR, cette alliance de circonstance ne tient pas jusqu’au bout et se termine inlassablement par le recours au 49.3.
Le Président nous dit que « le changement est dans l’apaisement ». Mais l’exercice auquel il s’est livré aujourd’hui nous interroge tant il semble être venu éteindre un feu avec des bidons d’essence dans les mains, reprochant malhonnêtement aux syndicats de ne pas faire de propositions, aux Français mécontents d’être des « factieux », aux députés d’être des « irresponsables ».
Le Président semble finalement s’être pris au jeu de la provocation facile en s’arrogeant le monopole du sens des responsabilités. En restant « droit dans ses bottes », il me donne le sentiment qu’il n’a pas pris la mesure de la crise, profonde, dans laquelle il a plongé le pays.
Le Président a fait un choix. Celui de dire aux Français que rien ne changera, ni sur le cap, ni sur la méthode. Aussi, je pense qu’il sera contraint de revenir très vite devant eux, avec plus d’humilité, de vision, de remise en cause et de propositions concrètes pour sortir de l’ornière qu’il a lui-même creusé.
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