Le Premier Ministre a présenté le 22 mai dernier les grandes orientations de son projet de réforme d’assurance-chômage avec un objectif affiché : économiser 3,5 milliards d’euros par an.
Ce projet appelle plusieurs remarques.
Sur la forme, d’abord. En ne s’attaquant qu’aux conditions d’indemnisation, sans remettre en cause le système global d’accompagnement au retour vers l’emploi, le Gouvernement entend faire passer sa réforme par la voie réglementaire, c’est-à-dire par un décret, empêchant, de ce fait, tout débat parlementaire. La manœuvre est connue : l’avenir de millions de nos concitoyens sera donc décidé par le Premier Ministre, seul, à Matignon.
Sur le fond, ensuite. Ce projet de réforme constitue le 3ème en 5 ans et s’inscrit dans la droite lignée des précédents : réduction du taux et de la durée d’indemnisation, tout particulièrement pour les emplois les plus précaires et pour les travailleurs séniors. La durée d’indemnisation serait ainsi réduite à 15 mois pour toutes les catégories de chômeurs de moins de 57 ans, contre 18 aujourd’hui pour les moins de 52 ans, 22,5 pour les 52-54 ans et 27 pour les plus de 54 ans, catégories de population qui subissent déjà le plus de discriminations à l’embauche en raison de leur âge.
De façon très concrète, en 2019, un chômeur de 56 ans pouvait espérer être indemnisé pendant 3 ans et partir à la retraite à 62 ans, limitant le risque de perte de trimestres cotisés. Désormais, cette durée d’indemnisation sera abaissée à 15 mois, alors même qu’en raison de la réforme des retraites intervenue l’année passée, son âge de départ à la retraite a été porté à 63 ans minimum, sous réserve d’avoir cotisé 172 trimestres.
Dans ce contexte, et alors qu’aucune étude ne prouve la pertinence d’un durcissement des règles d’indemnisation sur la recherche d’emploi, je m’inquiète du risque de grande précarité qu’une telle réforme ferait courir sur les travailleurs séniors, les condamnant, de fait, à la survie par le biais des minimas sociaux ainsi qu’à une retraite décotée, faute de trimestres effectivement cotisés.
Enfin, alors que les comptes de l’UNEDIC (organisme chargé du versement des indemnisations de chômage) sont excédentaires depuis 3 ans, cette stratégie doit nous interroger tant la stratégie du Gouvernement est assumée : « faire les poches » des chômeurs pour financer la dette accumulée au nom du « quoi qu’il en coûte » et des 160 milliards d’euros par an de cadeaux fiscaux généreusement accordés par l’Etat aux entreprises.
Retrouvez ma question à la Ministre du Travail :
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